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Parlabah
19 février 2011

Un visa pour la Chine

          Difficile de trouver un point commun à tous les pays du monde. Une ligne directrice réunissant tous les états. Hémisphères Nord et Sud sur le même pied d’égalité. Utopie. Ou alors peut-être est-ce possible? Si on veut trouver une unité à tous les pays de la planète, il faut peut-être la rechercher dans leurs administrations…

          Hong kong. Ambassade de Chine. 24 janvier. 16H03. Pas le guichet 2. Pas le guichet 2 s’il vous plait! Index et majeur croisés pour influencer le destin. Ticket numéro 614 en main. Pas le guichet 2. Sur le panneau lumineux rouge est inscrit numéro 612. Derrière sa vitre blindée anti coups et injures, la demoiselle du guichet 2 braille et engueule tous les demandeurs de visa à tour de rôle. Numéro 613 sur le panneau lumineux rouge. Pas le guichet 2. Elle n’a vraiment pas l’air commode. Ça passera jamais avec elle! 614. C’est notre tour. Guichet 3. Juste à côté. Sauvés. Ou pas…

     « Hello! », en doublette et de la voix la plus douce possible. « … ». Blanc. Silence. Pas de réponses. Derrière la vitre, à pourtant quelques centimètres, un monde lointain, lointain, lointain et très étrange… Administration. La demoiselle du guichet 3 épluche attentivement nos documents. Deux gouttelettes s’échappent de mon cuir chevelu pour irradier ma tempe droite. Le cerveau envoie des stimuli de doutes au cœur qui s’emballe. Puis une grosse goutte sur la tempe gauche. Plus grosse celle-ci. « You have to come back », lance, impassible, la demoiselle du guichet 3 en nous tendant les documents…

          16 janvier. Nous sommes en retard. Bureau visas ferme 17 heures. 15H57. Pas photos. Rahhh. Alors vite trouver photographe dans quartier. A gauche. A droite. Droite. Regauche. Tout droit. Reredroite…

     C’est toujours le même problème! Quand on cherche quelque chose on ne tombe jamais dessus. En 3 jours ici, j’ai du croiser un million et demi de photographes. Ce matin, rien.

     16H33. Petit shop photo angle rue. Enfin! Vite premier étage. Tête un peu sur le côté. Un soupçon en arrière. Des Clics et des clacs. C’est dans la boite. Mais: « Come back in one hour to take back your pictures ». Zut! Ça sera trop tard pour aujourd‘hui.

          Le lendemain. 17 janvier. Nous sommes en retard. Encore. 11H40. Mais cette fois, photos bien dans poche. Bureaux ferment à 12H00. Tentons le coup. Accélérons le pas. 11H50. Pam pam pam. Vite. 11H53. Pouvons rentrer. Ouf.

     En fait, les portes ferment à 12H00, mais les guichets, eux, restent ouverts jusqu’à 13H00. Numéro 413. 30 minutes d’attente à regarder du curling sur un écran plat géant. La Finlande prends l’avantage avec la dernière pierre à jouer en plein milieu de la maison...

Le curling est un sport de précision pratiqué sur la glace avec de lourdes pierres en granite poli. Il est aussi appelé «pétanque de glace». Le but est de placer les pierres le plus près possible d'une cible dessinée sur la glace, appelée maison. Il est généralement admis que ce jeu a été inventé au XVIème siècles en Ecosse, en dépit de l'existence de deux tableaux de Pieter Bruguel l’ancien qui représentent des paysans hollandais en train de jouer au curling. Quelle que soit la vérité, le jeu du curling en extérieur était très populaire en Écosse entre les XVIe et XIXe siècles lorsque le climat était suffisamment froid pour assurer de bonnes conditions de glace lors de chaque hiver).

...Mais les Suisses n’ont pas dit leur dernier mot. Ultime lancé. Un geste gracieux et élancé accompagne la pierre vers son but de cible. Les balayeurs s’affèrent. Frottent la glace avec ardeur. Le tension est à son comble quand la pierre… Guichet numéro 5 s’il vous plait, « Last call, number 413 please » . Oups. Une fille agréable nous accueille (ça fait plus que plaisir!). Après 5 minutes plongée dans nos passeports et photos (il faut dire qu’on a quand même des gueules de collector dessus), elle nous dit… « ok… you need a lot of papers to make your visa »! En effet, nous avons besoin d’un billet retour, d’un papier certifiant l’exactitude de notre emploi du temps et de notre itinéraire en Chine, d’une réservation d’Hôtel et d’un certificat d’assurance international… Euh! Je bataille un peu en lui expliquant que nous allons quitter la Chine par la terre, mais que nous ne savons pas comment… Et que ça allait être difficile, par conséquent, de lui fournir un billet retour. En ce qui concerne l’itinéraire et l’emploi du temps, pfff j’ai l’impression d’être un extra terrestre en face d’elle? « Euh, we are going to the south, but we dont know where and … » Elle me coupe « South of China? » « Euh, the south of the south! »… Un long moment d’explications, de regards et de silences s’écoule… Elle est très compréhensive et nous dit qu’un papier tapé à l’ordinateur, avec notre frontière de sortie et un emploi du temps, suffira. C’est quand même pas très optimiste que nous quittons l’ambassade. Il va peut être falloir penser à un plan B.

          Des papiers, des papiers, toujours des papiers. Le recherche aux petits papiers commence. Tout d’abord, l’assurance. Le plus facile, après quelques recherches sur Internet, s’avère être de demander une attestation d’assurance Mastercard à nos banques respectives. En effet, avec nos cartes bancaires, nous sommes couverts à l’étranger et rapatrier en cas de pépins. Rapide mail à nos banquiers. Bingo. Estelle reçoit le certificat en une heure dans sa boite mail. Son banquier a été efficace. Quant à moi, je ne reçois rien de ma banque, ni de mon conseiller. 1 jour passe. 2 jours. Puis 3. 4. 5. Appel à la rescousse à Papa Gilles qui téléphone directement à l’agence de St Médard. Et la réponse tombe: papier impossible à envoyer! Un, c’est un mensonge puisque Estelle l’a obtenu en une heure; deux, ils auraient au moins pu envoyer une réponse, même négative, à mes 5 demandes d’affilées… Que je puisse me retourner et envisager une autre solution, ou par simple respect du client que je suis…

     J’aime pas les banques. Non, pire. Je les déteste. Ces maisons de passe du fric, c’est comme une grosse rivière, le courant coule toujours dans le même sens. Les gros contre les petits. Si vous faites une erreur ou si les provisions viennent à manquer sur votre compte, sanction immédiate, rapidité d’action et AJO de combat. Un vrai GIGN de l’argent. Ils vous prennent an coup et vous saignent. Par contre, pour une simple demande, qui les occupe quelques minutes et quelques clics, y’a plus personne. Et en plus ils mentent! Les vilains…

     Un jour, j’ai demandé un grand calendrier en carton au guichet. « Ah non, désolé, les calendriers, on les garde pour nos bons clients… », qu’il me répond le gonze en cravate. Connard. Ta chemise ne fait pas de toi quelqu’un de respectable. Je comprends que trop bien leur raisonnement et leurs intérêts. Nous leur confions tout de même notre argent. Dans mon cas, ce ne sont pas des millions (c’est bien ça le problème pour eux!), loin de là, mais c’est un pécule qui me fait vivre et que j’ai gagné assez péniblement. Puis je suis client, tout simplement. Pourquoi cette sélection du porte monnaie? Pourquoi cette ségrégation du compte en banque? Nous ne sommes pas tous égaux devant notre conseiller. Et les banques s’en mettent plein les poches. La crise, elle aussi bien sélective, épargne nos gentils banquiers. Un exemple. Les 35 principaux établissements de Wall Street ont été passés au crible: banques, fonds d’investissement, sociétés de courtage ou de services financiers. Leur chiffre d’affaire (448 milliards de dollars) est en hausse de 3% par rapport à 2009, mais leurs bénéfices (61 milliards de dollars) sont en baisse de 20% par rapport à 2006, année précédant la crise. Or les revenus des banquiers ont augmentés de 23% durant la période 2006-2010. Je reprendrais bien une autre coupe de champagne s’il vous plait. Vive la crise!

     Fainéantise et désintérêt total envers les petits portefeuilles donc, alors qu’en 5 minutes le problème était réglé, et j’obtenais ce papier nécessaire pour entrer en Chine. Résultat, une semaine bloqué dans l’attente de ce document. (Mamie Chicha, ne lis pas la phrase suivante, assez grossière!). La banque, c’est comme une rivière, d’accord, mais c’est aussi comme un bar à putes, tu les suces et eux, ils t’enculent.

     Au final, face à l’incompétence du Crédit Mutuel, nous falsifions l’attestation d’Estelle en changeant le nom et en y apposant un faux numéro de carte. Si ça bloque, pas de Chine, et il faudra vraiment trouver un plan B. L’Irak en canoë peut-être…

     Pour le reste (itinéraire, emploi du temps et explications que pas de billet retour), j’écris un texte à l’ordi sous Word! Enfin, réservation d’un hôtel dans une ville au hasard, pour une date au hasard. 11 euros et création d’un compte Paypal (c’est mon banquier qui va être content!). Ira… Ira pas. Visa… Visa pas. On verra bien demain…

          Demain. 24 janvier. Nous sommes en retard. Encore. Et encore. Sauf que là, pas de bol. 11H55 sur ma montre en bois. Je la tend au garde en train de fermer la porte à 180 doubles tours. En guise de réponse, il me fait un drôle de « Moueuuh » (ultra bref et sec) en me montrant sa montre à lui qui indique dix minutes de plus que ma montre à moi. Je bronche pas face à son 12H05 à lui. Ça doit être le 12H05 officiel! Et surtout, il me fait un peu peur le gars. J’ai les chocottes qu’il me fasse un Hakaï Sata Double Kotori en pleine face. On repassera à 14H00 mec.

     Futé que nous sommes, et pour éviter la foule, nous décidons de revenir plus tôt. A 13H30. Une fois arrivés, devant nous, une bonne queue bien tassée de 100 mètres nous attends…

     Une heure et demie plus tard, nous rentrons dans le bâtiment. Le gars du Hakaï Sata Double Kotori me fouille. Il n’en veut qu’à mon briquet et ne me fait pas valser à terre. Ascenseur. 12ème étage…

          Pas le guichet 2. Pas le guichet 2 s’il vous plait! Index et majeur croisés pour influencer le destin. Ticket numéro 614 en main. Pas le guichet 2. Sur le panneau lumineux rouge est inscrit numéro 612... Quoi!? Oui, oui, oui, je sais, vous connaissez la suite. Vous avez comme un air de déjà vu. Mais c’est normal, tout le monde a déjà vécu cette scène au moins une fois dans sa vie non! Bon, d’accord, je coupe… Bla bla bla et scrootch, on continue…

     « You have to come back !». Euh… On lui fait les gros yeux surpris. « But you have all the documents you need no? », l’interroge-je façon Chat Potté de Shrek 2. Elle sort le papier Word et de gros « No no no NO NO NO » fois un milliard de No sortent de sa bouche. En opposition, j’ose un timide « but yes » qui ne fait pas tellement le poids. Elle commence à aboyer comme son hystérique de voisine du guichet 2. Les gouttes de la tempe deviennent averse. Et surgit de nulle part une idée. De la dernière chance: « Euh, last time, the girl from the guichet number 5 said it was ok! » « Wich lady? » … « The lady number 5 ». Et là, miracle, elle se lève péniblement, alourdie par son immense fardeau de travail, et se dirige vers le guichet numéro 5. Nous nous empressons d’aller montrer nos têtes à la gentille n°5, souriant devant la vitre, faisant de petits coucou et en priant qu’elle se souvienne de nous. Elle nous reconnaît et à partir de là, tout s’arrange. Dans 3 jours, nous pouvons récupérer nos passeports et le visa chinois.

          L’administration et ses tracas. Aucuns pays n’y échappe. Développés ou en voie de développement, c’est toujours un parcours du combattant pour arriver à ses fins. A croire que tous les états de la planète se sont organisés autour d’un G200 administratif conçu pour nous emmerder! A chaque fois que j’ai eu affaire à une administration, ou que se soit, ça a été une aventure compliquée.

          Et ne parlons pas des visas et de la circulation des hommes à travers les frontières (ou parlons en plus tard). Voila un bien vaste sujet. Mais nous, occidentaux, nous ne sommes tout de même pas trop à plaindre. Demandez plutôt à un indien ou un éthiopien les démarches à suivre pour venir en Europe par exemple. Quasi impossible! Sauf, bien sur, si il a de la tune. Ou peut-être si il est banquier…

Kak. Hong Kong. 

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Commentaires
C
formidab' tranche de voyage, je me suis bien poilé, merci! Joyeuse continuation les grOs!
T
Les formalités administratives sont une des plaies de notre société...<br /> Gros bisous à tous les 2 et continuez à nous faire vivre vos aventures.<br /> Bisous, TONTON !
P
nous vivons vos tourments chinois... ah! si vous restiez à Corbiac ! <br /> j'espère que tu vas virer ton banquier au retour !<br /> avons pensé fortement à vous à notre réunion de famille pour notre anniversaire de mariage (55ans)...
Parlabah
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